Ça fait plusieurs mois que je montre la première vidéo de Marinette à toutes mes copines. Dans IVG : ma grand-mère, ma mère et moi, Marinette va interroger sa mère et sa grand-mère sur les avortements qu’elles ont vécus, permettant de saisir les conséquences matérielles de la législation sur la vie des femmes. Depuis, sur sa chaîne YouTube elle a abordé plusieurs sujets : la sidération lors des agressions sexuelles, la pilosité des femmes ou encore la traitement journalistique du viol. Quand j’ai compris qu’elle travaillait sur une nouvelle vidéo à propos de l’IVG, on a décidé de sortir en même temps son travail et la newsletter pour vous offrir différentes perspectives, et elle a accepté de répondre à mes questions pour présenter son projet.
Tu es journaliste. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’ouvrir une chaîne YouTube ?
Comme beaucoup de journalistes, je voulais créer un espace à moi, pour traiter des sujets que je voulais comme je voulais. J’étais spécialisée en télé, donc je savais tourner et monter, mais le média et ses codes ne me convenaient pas. J’avais envie de faire de la vidéo sur le web. YouTube est un vrai vivier de créativité : les vidéastes n’arrêtent pas de renouveler le format, ils s’affranchissent complètement des codes et ça donne des trucs géniaux. J’ai voulu voir s’il était possible d’y faire aussi du journalisme, dans des formats différents et avec un point de vue peut-être plus personnel et incarné. C’est un peu ma plateforme d’expérimentation.
Comment as-tu décidé de parler de parler de sujets féministes ?
Je suis féministe militante depuis plusieurs années et, dans mes anciens boulots, c’étaient déjà les sujets qui m’intéressaient le plus. Jusque là, j’étais assez « généraliste ». Au quotidien, c’est super, tu touches à tout, tu découvres plein de choses. Mais je pense que la spécialisation me permet d’être plus pertinente et d’aller plus loin. Les femmes et les droits des femmes, ce sont naturellement les questions qui m’intéressent et me touchent le plus. Et c’est un sujet inépuisable : plus je le traite et plus j’ai d’idées.
Pourquoi tu as eu envie de donner une suite à ta première vidéo sur l’IVG ?
La première vidéo était un rappel de l’histoire et du droit. Depuis qu’elle est en ligne, beaucoup de femmes ont posté des commentaires pour raconter leur IVG, les obstacles auxquels elles ont dû faire face. Elles m’ont fait prendre conscience qu’il y avait un fossé, encore aujourd’hui, entre le droit et la réalité. J’ai lancé un appel à témoignages et j’ai reçu beaucoup de réponses. C’est aussi ce que j’aime dans YouTube et dans le web d’une manière générale, c’est ultra-collaboratif : ce sont des spectatrices qui m’ont donné, sûrement sans le vouloir, l’idée de ce nouveau projet.
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