Le syndrôme du choc toxique (STC)

Ces dernières semaines, la publication sur internet d’un article mettant en cause les coupes menstruelles (ou cups), et non plus seulement les tampons, dans la survenue d’un syndrome du choc toxique (SCT) a relancé le débat autour de ce syndrome et a, autour de moi, semé un vent de panique.

Il convient d’abord de rappeler que, même s’il convient d’être vigilant.e.s, le SCT est en recrudescence mais reste relativement rare (5 cas en 2004 et plus de 20 dans les hôpitaux français en 2014 selon le Centre National du Rhône). Il est dû à des bactéries (Staphylococcus, Streptococcus et Clostridium) dont 20 à 30 % de la population sont porteurs. Elles ne sont habituellement pas dangereuses, mais il peut arriver qu’elles libèrent une toxine potentiellement mortelle, la toxine TSST-1. Le choc septique, forme grave de septicémie, survient en réponse à cette agression, et le corps, pour se défendre, favorise les organes vitaux (cerveau, cœur) privant les autres organes de l’afflux de sang nécessaire à leur fonctionnement et provoquant des nécroses pouvant nécessiter une amputation.

Cette réaction de l’organisme en réponse à la bactérie peut arriver à tout le monde, cependant un organisme affaibli par une intervention chirurgicale, dont le système immunitaire est défaillant, une personne utilisant des dispositifs intra-utérins, ou en période menstruelle lors de l’utilisation de protections intra-vaginales, présente un terrain plus favorable. L’article de l’Obs en question pointe du doigt le fait que « Le sang des règles, coincé en intravaginal, représente un très bon milieu de culture (…) où la bactérie peut se multiplier. » Certains articles accusent aussi les tampons pour leur effet desséchant ou pour leur composition, la présence de polyacrylates dans des tampons aux États-Unis ayant provoqué une épidémie dans les années 1980. Aucun de ces facteurs n’est, à ce jour, véritablement prouvé.

Afin de mieux comprendre (enfin !) ce syndrome méconnu touchant des personnes jeunes et en bonne santé, les Hospices Civils de Lyon ont organisé une collecte (désormais close) de tampons usagés. Ils en ont profité pour éditer un petit flyer récapitulant les symptômes du choc toxique et la conduite à tenir si vous ou quelqu’un de votre entourage présente ces symptômes. Ainsi, si vous avez vos règles et que vous présentez :

  •         Une fièvre soudaine (38,9 °C/102 °F ou plus)
  •         Des vomissements
  •         Une sensation de malaise avec céphalée
  •         De la diarrhée
  •         Une éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil

Il est conseillé de retirer votre tampon ou votre cup et de vous rendre au plus vite aux Urgences.

Cependant, il est essentiel de ne pas paniquer et de rappeler que ce syndrome reste très rare. Certains spécialistes considèrent « qu’un grand nombre de cas légers du syndrome du choc toxique reliés à l’utilisation de tampons ne sont pas signalés ou sont confondus avec d’autres pathologies comme la grippe et la gastro-entérite, car ils n’évoluent pas suffisamment pour présenter les symptômes graves énoncés ci-dessus. » De plus, ces symptômes, même graves, diagnostiqués à temps, peuvent être traités grâce à l’injection de sodium, de potassium, le recours à un respirateur ou à des antibiotiques.

Mais que faire, me direz-vous, afin de contrer ce choc toxique ? Doit-on renoncer, non seulement aux tampons, mais aussi aux cups, alors qu’on venait seulement de les découvrir, au point de se changer, pour les plus emballé.e.s, en véritable gourous de la cup ? Est-il nécessaire de revenir aux bonnes vieilles serviettes ? Doit-on tous.tes se lancer dans la confection industrielle de serviettes lavables ?

En tant que représentante du bon sens, à défaut de faire partie du corps médical, j’appellerais à surtout garder son calme et à adapter au mieux votre routine en fonction de votre flux, de votre mode de vie, et de votre corps. Ainsi le site canadien Canoë suggère : 

  •         lors des hémorragies abondantes, utiliser en alternance des tampons et des serviettes sanitaires ;
  •         changer de tampons toutes les 4 à 6 heures ;
  •         maintenir une bonne hygiène générale, plus particulièrement dans la région vaginale (pas besoin de produits astringents, de l’eau claire, et si besoin du savon de Marseille, suffisent)
  •         retirer le dernier tampon dès la fin des hémorragies menstruelles ;
  •         porter une serviette sanitaire externe la nuit ;
  •         utiliser le tampon le moins absorbant possible.

J’y ajouterais : lavez-vous soigneusement les mains à l’eau et au savon avant et après l’insertion de votre dispositif intra-vaginal, privilégiez si vous le pouvez des tampons bio, lavez soigneusement votre cup. Ainsi vous trouverez sur le site Coupe menstruelle des indications sur les différentes manières de nettoyer votre cup.

Et surtout, écoutez votre corps. Si vous sentez que quelque chose cloche, suivez les recommandations citées plus haut et rendez-vous chez votre médecin ou aux Urgences.