Le dispositif intra-utérin a longtemps été appelé à tort « stérilet » car on le rendait responsable de stérilité. Il en existe deux types, au cuivre ou hormonal, qui ont des modes d’action différents. Le taux d’efficacité pratique pour ces modes de contraception sont respectivement de 99.2% et 99.8%. Malgré les recommandations de la HAS, beaucoup de médecin.e.s refusent encore en France d’en poser aux nullipares. Les personnes qui témoignent aujourd’hui ont su trouver un praticien.ne qui a accepté de le leur poser. Pourtant, pour des raisons variables, elles ont ressenti le besoin ou l’envie d’en changer, et plus précisément encore, elles ont choisi de l’enlever seules. Précisons qu’un des avantages de faire retirer son DIU par un.e soignant.e est que vous pouvez vous en faire poser un nouveau immédiatement après, au sein de la même consultation.
C’est après une énième période de règles qui ont duré 8 (huit) jours que j’ai décidé de retirer mon DIU cuivre. Sans compagnon ni même relations sexuelles régulières, je ne voyais plus tellement d’avantages à garder ce petit machin en moi, d’autant que j’avais parfois l’impression qu’il était un peu descendu et que la sensation me gênait. C’est armée du spéculum offert par Cluny Braun, d’un miroir et de la lampe torche de mon portable que je suis partie en exploration dans ma cavité vaginale. Je savais à peu près quoi y trouver : grâce à la cup et à la vérification régulière des fils du DIU – ces mêmes fils dont je devais me saisir pour le récupérer -, j’avais une image mentale assez précise de l’ensemble. Me voici donc en position gynécologique classique, en train d’essayer de trouver le bon angle entre visibilité et accessibilité. Je me rends très vite compte que mes doigts (soigneusement lavés) ne suffiront pas, ils n’ont pas l’accroche nécessaire et les fils ne sont pas assez longs pour que je puisse les enrouler autour. Je réfléchis à un accessoire qui pourrait m’aider, une sorte de pince… Mon regard se pose sur ma pince à épiler, sur ma table de chevet. Bon, eh bien allons-y. Je retire le spéculum, m’empare de la pince, fonce à la salle de bain pour les laver et les désinfecter, puis me réinstalle. Cette fois-ci, c’est la bonne, les fils sont saisis et j’expire profondément en tirant le tout. Je gardais le souvenir de l’insertion, pénible, et espérais sincèrement ne pas souffrir autant, tout en flippant de ne pas réussir à le sortir entièrement. Ce fut finalement l’histoire de quelques secondes et d’une sensation plus étrange que douloureuse dans le col de l’utérus. Étonnant qu’un si petit truc, le mien étant une version mini pour nullipares, puisse avoir autant de pouvoir. Il est depuis, propre, sur ma table de chevet. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, je préférerais le monter en pin’s pour l’accrocher à côté du clitoris de “La boutique de ma chatte” plutôt que le jeter !
Goodbye DIU, j’ai bien aimé ne pas avoir à me soucier de toi, mais des règles d’une semaine, c’était trop cher payé pour ça…— Marion
— Manon
Ça faisait un moment que j’y pensais. L’idée de continuer à m’infliger un bout de plastique dans le ventre pour permettre à mon mec d’éjaculer en paix me plaisait de moins en moins, mais je n’avais pas envie de me retrouver à gérer tous les mois l’attente de mes règles, l’angoisse d’une grossesse et la descente paniquée à la pharmacie d’en bas pour un énième test (négatif).Depuis que je l’avais – environ trois ans, j’étais plus tranquille, mais mes règles étaient quand même bien plus douloureuses. Une sorte de pointe de douleur aiguë qui s’ajoutait aux contractions et me rappelait périodiquement la présence de ce petit corps étranger que j’avais eu tant de peine à obtenir. C’est que pour en trouver, une gynéco qui accepte de me le poser, j’en avais connu des galères, des menaces, des refus. Classique, apparemment, puisque je suis « nullipare ». Moi je le comprends comme : t’as pas d’enfant ou t’en veux pas, t’es trop nulle pour accéder à la sérénité. Démerde-toi avec la pilule ou le retrait, petite traînée. « Nullipare », sérieux, faut vraiment être médecin pour inventer des mots comme ça… Bref, ça m’avait un peu vexée, cette histoire. Du coup, mon stérilet, c’était comme ma première victoire féministe, mon premier doigt d’honneur à la médecine. Je me sentais vaguement coupable d’en avoir marre de lui, des règles longues et douloureuses et de me rendre compte que c’était surtout mon mec qui l’avait gagnée, la sérénité.
Puis un jour, j’ai plus eu de mec. Et ça m’arrivait de moins en moins de coucher avec eux, les mecs. Et puis toujours avec des capotes. Ou alors sans coït (ouais, moi aussi je pensais que c’était obligé ; en fait il s’avère que non, mais c’est un autre sujet). Donc mon stérilet, finalement, devenait plutôt inutile et un peu agaçant et je me disais que ce serait bien de m’en débarrasser. Mais les rendez-vous gynéco (je me disais « plus jamais »), trouver une sage femme bien, prendre rendez-vous, payer la consult’, la flemme.
Je sais plus exactement comment ça s’est fait mais je me souviens – l’ai-je lu quelque part ? entendu de la bouche d’une fille ? je ne sais plus – je me souviens d’une anecdote qui racontait qu’une sage-femme s’était étonnée que les patientes consultent pour retirer un DIU, « parce qu’en fait, il suffit de tirer dessus ». Ça m’avait vachement marquée cette histoire, parce que moi non plus il ne me serait jamais venu à l’esprit de m’autoriser, de me sentir le droit, de toucher à quelque chose qu’une blouse blanche avait inséré dans mon corps… C’était même pas de la peur de mal faire, ou de me faire mal (de toute façon ça m’avait fait un mal de chien, la pose). C’était plutôt l’idée bizarre que mon utérus n’était pas de mon ressort. Hors de mon champ de compétence, en quelque sorte. Alors cette histoire de tirer dessus, autant vous dire que ça m’a fait un drôle de truc, et que c’est resté un petit moment dans un coin de ma tête.
J’ai fait quelques recherches mais j’ai pas trouvé grand chose. Quelques filles qui disaient l’avoir fait aussi, mais rien qui rassure ou qui montre que c’était une pratique courante. Beaucoup de commentaire interloqués, alarmistes (« tu risques la septicémie, la peste, le choléra… »). J’ai écumé des sites de matériel médical pour voir s’il fallait une pince spéciale pour tirer les fils (j’avais peur qu’ils soient trop courts, car j’avais demandé à ce qu’ils soient recoupés), mais rien. Ou alors super cher et un peu flippant genre matériel de torture médiévale. Et puis mes règles sont revenues, avec encore cette sensation d’éviscération tranquille.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, ce jour-là en particulier, j’ai décidé que c’était assez. Je me rappelle que j’étais vénère – mais aussi assez flippée. Je suis rentrée chez moi, je me suis mise dans ma douche, accroupie. J’ai lavé mes mains au savon gynéco, et j’ai essayé de trouver les fils. Comme c’était le premier jour de mes règles, mon col était très bas et j’ai saisi très facilement les fils entre l’index et le majeur. J’ai tiré doucement dessus et j’ai senti le stérilet qui venait. Au passage du col ça m’a fait comme une décharge, ou un grand pincement dans le ventre. Vraiment pas agréable. De surprise, j’ai lâché les fils, mais la douleur – le stérilet devait être coincé au milieu du col – m’a poussée à me ressaisir tout de suite. Je les ai rattrapés et j’ai continué à tirer doucement, mais fermement cette fois, bien décidée à en finir. Je pense que ça n’a pas duré plus de trois secondes en tout. Et finalement, il est tombé dans le bac à douche, avec un peu de sang, rapidement emporté par l’eau chaude.
Je ne sais pas si c’est l’adrénaline ou la fierté, mais la douleur est partie presque instantanément. J’ai l’ai gardé pour m’en faire une boucle d’oreille. Et j’ai presque hâte de retourner chez la médecin avec.
— Sally