Au cours de la rédaction des newsletters, au sein parfois d’un même article, notre manière de nous adresser à vous, ou de désigner les personnes ayant affaire à la gynécologie varie : parfois en utilisant le point médian ou le E accentué, parfois en féminisant l’ensemble du vocabulaire ou encore en usant d’un vocabulaire neutre. Nos choix, nous en sommes sûres, sont critiquables et nous souhaitons avant toute chose être en mesure de recevoir ces critiques. N’hésitez pas à nous interpeller si vous êtes gênéEs, blesséEs, voire carrément furieux ou furieuses.
En général ces choix grammaticaux répondent à notre volonté de poursuivre deux objectifs :
– Nous souhaitons que les personnes qui ne sont pas des femmes mais qui sont concernées par la gynécologie puissent s’approprier le contenu que nous proposons. Il s’agit notamment de certains hommes trans, de personnes intersexes ou non-binaires. Le Collectif Intersexes et AlliéEs et l’association OUTrans, comme bien d’autres, ont mis en avant la difficulté pour ces personnes à accéder à des soins, notamment gynécologiques. La réappropriation des savoirs médicaux semble alors une urgence et ce serait une erreur de ne pas en tenir compte dans notre engagement. Nous avons conscience que cela passera à la fois par une écriture inclusive mais aussi en proposant des ressources variées et en accueillant la parole des personnes concernées.
– Nous sommes un collectif féministe et au cœur de notre engagement, il y a le constat d’un traitement sexiste de la santé des femmes, une objectification des corps et une mainmise sur leurs droits reproductifs. Nous ne souhaitons pas que l’écriture inclusive en vienne à invisibiliser les femmes et les discriminations qu’elles subissent “en tant que femmes”.
Ainsi, pour prendre un exemple concret, si nous diffusons des informations concrètes sur l’IVG et les personnes qui y ont recours, nous pourrons choisir une écriture non-genrée. En revanche, s’il s’agit d’une analyse plus politique de l’accès à l’avortement, la lutte pour le droit à l’IVG, il nous faudra mettre en avant que c’est, selon nous, parce que ce sont les femmes qui y ont recours que l’IVG est menacé.
Évidemment nous ne sommes pas à l’abri non plus de négligences, ou de changer d’avis radicalement sur la question. Nous espérons en tout cas que cette explication permettra éventuellement d’ouvrir le dialogue si certains choix vous interpellent.
Illustration : Femme à un bureau faisant des exercices d’écriture, XVIIIe siècle, dessinée par Bertin, gravée par Tardieu.