Sans Tabou

Le 8 mars dernier, j’ai vu circuler sur Twitter les images d’un beau livret intitulé Sans Tabou et issu d’un groupe de parole de femmes de la maison de quartier Ivry-Port à Ivry-sur-Seine. Pour en savoir plus sur son élaboration, j’ai eu le plaisir de discuter avec Naïké Desquesnes, qui a encadré la réalisation du document. Naïké fait partie de la revue Z depuis six ans et avait participé au superbe numéro « Bonnes femmes, mauvais genre », paru à l’hiver 2016-2017. Elle fait également partie du collectif qui réécrit l’ouvrage Notre corps, nous-mêmes (sortie prévue chez Hors d’Atteinte à l’automne 2019) et s’intéresse donc tout particulièrement aux questions de réappropriation des savoirs. Elle m’a raconté comment était né le livret Sans Tabou.

À la maison de quartier Ivry-Port, début 2018, des femmes évoquent leur besoin de parler de contraception. La maison de quartier décide alors de proposer un groupe de parole « Maternité/santé/sexualité ». Alice Rocq, sage-femme et sexologue, est sollicitée pour apporter son bagage théorique. Puis très vite, la chargée de mission égalité femmes-hommes a l’idée de prolonger les échanges du groupe par la création d’un petit livre et Naïké rejoint le groupe. En effet, la revue Z propose régulièrement des accompagnements à l’écriture ou des collaborations à des projets éditoriaux communs.
Les femmes se réunissent une fois par mois, pendant deux heures, et les discussions ont lieu sans thème préétabli. Entre 6 et 10 personnes sont présentes à chaque séance, et un petit noyau de femmes est très assidu. D’autres personnes sont venues quelques fois seulement. Alice peut répondre aux questions et parfois amener des ressources spécifiques : les images d’un placenta ou bien un exemplaire de DIU (le dispositif intra-utérin aussi appelé stérilet). Les thèmes qui émergent sont variés : contraception, accouchement, plaisir, excision.
À partir des enregistrements qu’elle fait, Naïké met en forme les témoignages de chacune. Des petits encadrés techniques donnés par Alice complètent la parole des femmes. Le groupe se prête également au jeu en prenant des photos.

Le résultat, c’est un livret de 70 pages dans lequel on retrouve donc des paroles de femmes, des informations et dans lequel on voit s’opérer la transmission des savoirs.
Les 200 exemplaires imprimés sont déjà presque épuisés, malheureusement. 200 nouveaux exemplaires seront imprimés lors de la deuxième présentation de Sans Tabou qui est prévue le 3 juillet à la maison de quartier Ivry-Port. À cette occasion, les participantes du groupe de parole ont prévu de prendre la parole pour parler par exemple du clitoris ou des violences gynéco-obstétricales vécues. De quoi imaginer poursuivre la conversation, peut-être sur scène ?

Et pour celles et ceux qui ne pourront pas s’en procurer, nous avons le plaisir de mettre à disposition la version pdf, à retrouver dans l’onglet Ressources.