On en parle peu (voire pas du tout, comme en témoigne cette femme), mais près de la moitié des produits d’une fécondation réussie ne mèneront pas à une grossesse. La plupart du temps, ces fausses couches spontanées ont lieu tellement tôt qu’elles passent inaperçues et qu’on les confond avec nos règles. La fausse-couche précoce fait partie de la reproduction et n’est ni grave, ni une menace pour la suite de nos essais. Faisons le point sur le pourquoi du comment avec un résumé en français de cet article publié par la chercheuse Anna Druet sur le blog de Clue.
Des règles en retard peuvent en réalité être une fausse couche. La plupart du temps, une fausse couche arrive dans les huit premières semaines de grossesse, souvent même avant que l’on sache qu’on est enceint.e et à peu près au moment où l’on est supposé.e avoir nos règles. Dans ce cas, impossible pour nous de la détecter, et on pense simplement que notre cycle se déroule comme d’habitude.
Un ovule fertilisé ne mènera pas forcément à une grossesse. Quand un ovule rencontre un spermatozoïde dans les trompes, il est fertilisé. Il se développe alors un peu avant d’aller s’implanter dans l’utérus. La plupart des œufs fertilisés ne passent pas cette étape : soit ils ne se développent pas, soit ils n’arrivent pas s’implanter dans l’utérus. Le cycle menstruel continue alors son cours normalement et l’œuf est évacué avec les règles.
La fausse couche est en général aléatoire. Dans 5 à 7 des cas sur 10, le corps déclenche la fausse couche car l’œuf ne s’est pas développé normalement ou présente des anomalies génétiques. Ces anomalies apparaissent au hasard quand les cellules se divisent et ne sont en aucun cas le signe d’une quelconque maladie génétique. Le corps a des ratés mais comme il est bien foutu, il les évacue tout seul !
La fausse couche peut également être déclenchée par une maladie (comme l’endométriose ou le syndrôme des ovaires polykystiques), une infection ou l’exposition à certains produits toxiques, mais ces cas sont moins courants.
La fausse couche n’affecte pas notre fertilité. Il est possible tomber enceint.e tout de suite après.
Ce n’est pas parce qu’une fausse couche a lieu très tôt que nous n’avons pas le droit d’être tristes. Pour certain.e.s d’entre nous, ce ne sera qu’une étape sur le chemin ; pour d’autres, un événement tragique. Chacun.e a le droit de vivre sa fausse couche comme elle le veut et surtout, comme elle le peut.
Renseignez-vous sur vos options. Toutes les fausses couches ne nécessitent pas une intervention médicale mais si vous avez la moindre inquiétude, contactez votre médecin.e.
Sur le sujet des fausses couches, je vous recommande deux épisodes du podcast Hey Girl (en anglais), disponible sur toutes les plateformes habituelles et animé par Alex Elle, elle-même victime d’une fausse couche. Dans l’épisode qui lui est consacré, Kenya raconte son périple de TTC (Trying to conceive) et comment sa fausse couche a affecté ce dernier. Le sentiment d’injustice et de perte de contrôle dont elle fait part parlera sans doute à beaucoup d’entre nous, même si sa façon d’envisager son parcours à la manière d’un project ou d’une journeyest très américaine. Dans le second épisode que je vous propose d’écouter, Liz raconte ses différentes fausses couches et comment elles lui ont volé la légèreté de pouvoir se réjouir maintenant qu’elle semble être enceinte pour de bon. Attention, il peut être un peu difficile à écouter mais il soulève des questions importantes, notamment sur le fait de se sentir parent même quand aucune grossesse n’a pu être menée à terme.
Concernant le tabou entretenu autour des fausses couches, je vous conseille aussi la lecture de ce brillant billet de Marie-Hélène Lahaye du blog Marie accouche là sur le sujet.
Image © Frida Kahlo, L’hôpital Henry Ford, 1932, huile sur métal, Museo Dolores Olmedo, Mexique