Avec Chloé, nous avons rencontré Nathalie en fin de journée, alors qu’elle revenait de cueillette. De sa besace, elle a sorti une série de plantes et de fleurs qu’on a pu sentir, goûter, frotter contre nos mains au rythme de ses explications. Ensuite, on a parlé des ateliers d’auto-gynéco et des cueillettes qu’elle organise et à la fin j’ai eu envie que vous aussi vous soyiez à la terrasse de ce café à discuter avec nous, alors il a été décidé que je lui reposerais quelques questions écrites pour les transmettre ici. Pour une immersion totale, n’hésitez pas à mâchouiller un brin d’herbe pendant votre lecture.
Tu as animé un atelier d’auto-observation lors du festival de Gras politique en mars dernier. Depuis combien de temps proposes-tu ce type d’ateliers et en quoi consistent-ils exactement ?
Il me semble que l’idée a mis du temps à germer et qu’elle a abouti en 2016 lors du festival Erosphère. C’est parti du constat suivant : j’avais précédemment animé un autre atelier dans le cadre de ce même festival et je voyais toutes ces personnes s’essayer à des pratiques diverses et variées. Dans toute cette diversité, je trouvais qu’il manquait l’essentiel, genre la base : connaître son propre corps !
Je me suis alors mise en quête de ce qui se faisait déjà et ce qui avait été fait, et je me suis inspirée de tout cela.
Pour résumé, l’atelier dure généralement 1h30 à 2h. Je commence par présenter quelques planches anatomiques. Ensuite, chaque participant·e muni·e de son miroir s’auto-examine. L’auto-observation peut aller jusqu’au col de l’utérus ! Pour cela, je propose des spéculums jetables. Ça me semble important, que chacun·e manipule un spéculum parce que c’est un objet qu’on n’a pas tous les jours entre les mains ! Et ça le désacralise, cet objet ! Cet atelier est aussi, pour ne pas dire surtout, un espace de libre parole. Chacun·e peut intervenir, parler de son expérience, apporter des compléments d’information, etc.
Les ateliers se sont toujours déroulés dans la joie et la bonne humeur et l’énergie qui s’en dégage m’a toujours boostée : l’empowerment comme on dit !
De mon côté je pense qu’il n’y a pas besoin de formation particulière pour proposer ces ateliers. J’imagine qu’il faut tout de même quelques prédispositions comme être pédagogue, à l’écoute et à l’aise avec son propre corps. Je passe beaucoup de temps à récolter des informations (et de bonnes informations afin de ne pas véhiculer n’importe quoi !
Parmi tes nombreuses activités, tu es plasticienne. Est-ce que ça modifie ton rapport aux corps et quels liens fais-tu entre ta pratique et l’exploration gynéco ?
Disons qu’être performeuse est une sacrée expérience qui m’a permis d’être « à l’aise » pour animer mon atelier.
Tu as aussi une formation d’ethnobotaniste, et en cherchant une définition de ce métier, j’ai trouvé la définition suivante : « L’étude de la relation entre les hommes et les plantes ». Du coup j’ai envie de te demander s’il y a une spécificité dans l’étude de la relation entre les femmes et les plantes.
Haha ! Oui, il y a une spécificité : les femmes sont un sujet invisible, tabou, etc. Soupirs… Personnellement, j’ai remplacé « les hommes » par « les êtres humains » pour cette définition. Donc l’ethnobotanique, de mon point de vue, c’est l’étude de la relation entre les êtres humains et les végétaux. Ah j’ai aussi remplacé « plantes » par « végétaux » !!
Depuis gosse, je suis passionnée par les plantes en tout genre et ce qu’on peut en faire, peu importent les domaines (construction, artisanat, alimentaire, médicinal, artistique…). J’ai collecté des tonnes d’information que je mets en pratique dans mon quotidien, selon le temps, l’énergie et les besoins. En 2017, j’ai pris la décision de me consacrer pleinement aux plantes.
Considères-tu que les cueillettes à thème sur la santé gynéco sont dans le prolongement des ateliers d’auto-gynéco ?
Durant de nombreuses années, j’ai milité auprès d’associations féministes, j’ai toujours été très engagée sur cette thématique.
Il y a quelques siècles, la connaissance des plantes était un truc de femmes. À mesure que se mettaient en place un certain système économique, la domination masculine et le développement de la médecine, la place et le rôle des femmes ont été anéantis.
Il existe des plantes qui peuvent aider spécifiquement pour la santé gynécologique. Et il y a des personnes qui ont ces connaissances. Aujourd’hui, je mène une enquête ethnobotanique pour recueillir ces connaissances spécifiques. Et je redistribue ces connaissances lors de balades et d’ateliers divers.
Si je te propose de parler d’une plante (et d’une seule !) qui a des propriétés intéressantes pour la santé gynéco, tu nous parles de quoi ?
L’Achillea millefolium, achillée millefeuille de son nom vernaculaire ! Certainement ma préférée et la première plante que j’ai utilisée en infusion pour contrer les douleurs menstruelles. Je trouve cette plante magique car elle aide aussi sur d’autres problématiques pour les jeunes et moins jeunes personnes, que ce soit pour régulariser les cycles, pour la ménopause, etc. Elle agit aussi sur la sphère digestive et peut donc, à cet effet, soulager un SPM (syndrome pré-menstruel). Elle pourra aussi intervenir dans d’autres sphères de soin. Cependant, l’achillée millefeuille est contre-indiquée durant une grossesse et chez toute personne présentant une allergie aux astéracées.
Et puis l’achillée millefeuille, on la trouve quasiment partout ! 🙂
Où et quand peux-t-on participer à une cueillette ou un atelier ? Où suivre tes activités ?
J’ai créé un site internet spécifiquement, Forêt Médecine.
Avec des pages dédiées aux ateliers et aux sorties, c’est la meilleure façon de connaître les prochaines dates, les lieux et thématiques à venir !
L’agenda des prochaines dates de sortie :
– 26 mai : Plantes et infections vaginales et vésicales (vaginite, cystite et compagnie)
– 2 juin : Plantes et syndrome pré-menstruel
– 16 juin : Plantes et endométriose
– 23 juin : Plantes et ménopause
La plupart des sorties se font au bois de Vincennes. Toutes les précisions seront prochainement disponibles sur le site.