Avertissement : spoilers et TW viol, dépression et suicide
Règles douloureuses est un petit roman de 160 pages, écrit à la manière d’un journal autobiographique, et qui se lit rapidement pour peu qu’on ait le cœur bien accroché. On suit les errances de Masechaba, interne en médecine en Afrique du Sud contemporaine, qui évoque son endométriose, les difficultés qu’elle éprouve à faire son travail, et les problématiques de racisme toujours présentes notamment dans la relation soignantE-patientE. Masechaba est en dépression profonde, et ne s’en rend pas compte, puis elle subit un viol collectif et vacille au bord de la folie.
L’écriture est fluide, économe, et tranchante, mais le livre me laisse un sentiment d’inachevé. Le sujet central n’est pas l’endométriose (ou les règles), mais bien la dépression de l’héroïne, sur un fond d’Afrique du Sud encore divisée. On se dit que le titre est par ailleurs assez mal choisi/traduit (en anglais, Period Pain colle un peu plus), et on soupçonne l’éditeur d’avoir voulu surfer sur des thématiques d’actualité.
Beaucoup de sujets du roman auraient matière à être développés : le suicide du frère de l’héroïne, la relation avec son amie zimbabwéenne, le climat politique sud-africain, le traitement des patientEs. Dans la réalité, on parcourt les feuillets griffonnés d’une personne malade à qui il arrive des horreurs, sans s’associer à sa douleur. J’ai du mal à comprendre pourquoi je n’ai pas accroché, peut-être la longueur du livre ; trop courte pour s’attacher au personnage ? Pour développer des sujets et des intrigues ?
Le roman a le mérite d’aborder des sujets tabous, mais il peine à les incarner. Quant à la fin, elle m’a semblé facile et peu satisfaisante.
Kopano Matlwa, Règles douloureuses, Le Serpent à plumes, 18€