Quand on évoque la contraception, on pense en général en premier lieu à la pilule, puis éventuellement aux dispositifs intra-utérins (stérilets) ou aux implants, mais plus rarement aux méthodes qui empêchent la production et l’émission de spermatozoïdes. Dans leur ouvrage La charge sexuelle, Clémentine Gallot et Caroline Michel évoquent aussi la charge contraceptive : dans les couples cis-hétéros, ce sont en grande majorité les femmes qui, seules, choisissent et paient la contraception, alors même qu’elle concerne un couple. Ce sont aussi leurs corps qui en subissent les éventuels effets secondaires. Il existe pourtant des méthodes, notamment non médicales, qui permettent à chaque individu de maîtriser sa fertilité. C’est ce que l’association GARCON (Groupe d’Action et de Recherche pour la CONtraception) souhaite promouvoir. Pour stopper la production de spermatozoïdes ou empêcher la fécondation, il existe pas moins de quatre méthodes : le préservatif, la contraception thermique, la contraception hormonale et la vasectomie. La transition hormonale et la pratique du tucking chez les femmes trans peuvent avoir des conséquences similaires aux dispositifs contraceptifs : la diminution, voire l’arrêt de la production de spermatozoïdes, sans que cela soit systématique ni irréversible. Le spermogramme reste la seule solution pour s’en assurer.
La contraception thermique
Aujourd’hui, intéressons-nous plus précisément à la contraception thermique, aussi appelée “slip chauffant” ou “remonte-couilles toulousain”. Ce dispositif, créé artisanalement dans les années 80, consiste à augmenter la température des testicules pour stopper la production de spermatozoïdes. Le port d’un sous-vêtement spécifique (ou d’un anneau, appelé “andro-switch”) permet de faire remonter les testicules dans le canal inguinal, en position haute, laissant le scrotum “vide”. En effet, la spermatogénèse (production de sperme) se fait lorsque la température est à 33°C environ. Une fois remontées dans le corps, la température des testicules augmente à 37°C degrés et la production de sperme est bloquée. S’il n’y a pas beaucoup de données scientifiques concernant l’efficacité de la méthode du “slip chauffant”, une équipe de médecins toulousains met en avant des résultats très encourageants. Les couples qui déclarent l’utiliser indiquent une performance élevée. Cependant, la méthode ne fonctionne qu’à condition de porter le slip de manière rigoureuse et systématique, entre 14 et 16 heures par jour. Afin de vérifier son efficacité, un suivi médical doit être envisagé, et un spermogramme doit être réalisé régulièrement (il permet de compter le nombre de spermatozoïdes et d’observer leur mobilité. Il est possible de le faire soi-même à l’aide d’un microscope). L’efficacité est avérée après trois mois d’utilisation quotidienne, soit le temps de fabrication et de maturation des spermatozoïdes.
Cette méthode contraceptive n’est pas gratuite, mais son coût reste relativement faible. Il faut prévoir l’achat du slip ou les matières premières pour le fabriquer soi-même. Les consultations médicales de suivi et le spermogramme peuvent être pris en charge.
Si les sous-vêtements ne sont pas encore commercialisés, il existe quelques tutos ainsi que des groupes d’usagers pour coudre son slip ! Vous pouvez vous rapprocher par exemple du collectif Thomas Bouloù, de l’Ardecom ou de GARCON.
Le film Vade Retro Spermato raconte l’histoire des groupes de parole d’hommes qui ont permis l’émergence de la contraception thermique en France dans les années 70. Il fait le point sur l’état actuel d’une contraception masculine qui est maintenue artificiellement à l’état expérimental, des différentes pistes dans ce domaine dégagées à l’époque aux pratiques actuelles qui fonctionnent.
GARCON lance des ateliers d’auto-observation gynécologique ! Si vous êtes à Toulouse, n’hésitez pas à vous inscrire à leur mailing list pour être tenu.e au courant des prochaines dates et à consulter leur page pour en savoir plus sur le projet.