Le confinement et la restriction de circulation ont des conséquences nombreuses sur les populations minorisées. Nous essaierons ici de dispenser quelques informations à propos de gynécologie puisque comme toujours, savoir c’est – un peu mieux – pouvoir.
Anti-inflammatoire non-stéroïdien (AINS)
Les AINS sont souvent utilisés pour soigner les douleurs de règles : Advil, Antadys, Antarene, Nurofen… Pourtant, depuis plusieurs années, ils sont suspectés d’aggraver les infections virales, en agissant sur l’inflammation qui est un mécanisme de défense de l’organisme et en masquant certains symptômes. En avril 2019, l’Agence du médicament (ANSM) publiait des recommandations : pas d’AINS en première intention en cas de douleurs/fièvre, prescrire la dose minimale efficace, arrêter dès la disparition des symptômes. Ces mêmes précautions doivent être prises pour le coronavirus. Certains médecins évoquent par ailleurs des cas graves de jeunes patient.e.s atteint.e.s du coronavirus ayant pris des AINS mais aujourd’hui il n’est pas possible d’en tirer de conclusion quelconque.
Délivrance des médicaments avec une ordonnance périmée
Les patient.e.s souffrant de maladie chronique pourront se voir renouveler leur traitement en pharmacie avec une ordonnance périmée. Cela concerne aussi la contraception, c’est-à-dire que vous pouvez aller chercher une nouvelle boîte de pilule contraceptive ou d’anneaux vaginaux avec une vieille ordonnance sans avoir besoin de repasser chez votre médecin, jusqu’au 31 mai. Le traitement sera remboursé comme habituellement.
Efficacité des DIU
Les dispositifs intra-utérin ou stérilets sont efficaces plusieurs années. En général, il n’est pas urgent de remplacer son DIU car la plupart sont agréés dans d’autres pays pour des durées bien plus longues qu’en France. Le DIU au cuivre TT380 par exemple, qu’on propose en France de changer tous les 4 ans, a un agrément pour 13 ans aux États-Unis. Si vous souhaitez quand même retirer votre DIU, sachez qu’il est tout à fait possible de le faire soi-même. Retrouvez sur le site les témoignages et un article de Slate sur le sujet
Planning Familial
Beaucoup de Plannings Familiaux ont décidé de fermer pour protéger les patient.e.s et le personnel. La permanence est assurée par téléphone, n’hésitez pas à consulter le site du planning de votre région ou à appeler le numéro vert : 0 800 08 11 11. En ville, les médecins généralistes et les SF se sont organisé.e.s pour prévoir des téléconsultations ou des consultations au cabinet en respectant au mieux les mesures de sécurité.
IVG
Les IVG sont toujours possibles et sont considérées en théorie comme un soin prioritaire. Dans la pratique, il peut être plus compliqué d’avoir un rendez-vous pour une intervention chirurgicale, les créneaux pour les blocs opératoires étant moins disponibles. N’hésitez pas à consulter rapidement si vous souhaitez bénéficier d’une IVG afin de ne pas craindre de vous retrouver hors-délai. En France, chaque année, 5000 personnes en moyenne vont avorter à l’étranger car elles ont dépassé le terme autorisé. Avec les restrictions de déplacements actuels, comment allons-nous faire ? Militons pour l’allongement des délais. Un article sur le sujet chez Libé.
Grossesse et COVID
Dans son dernier avis, le Haut Comité de la Santé Publique a placé les femmes enceintes à partir du troisième trimestre dans la catégorie des personnes à risque de développer des formes sévères. Ce choix est une mesure de précaution, en l’absence de données sur la question. Il en résulte que les personnes concernées peuvent faire une demande simplifiée d’arrêt de travail à titre préventif sur le site Ameli pour 21 jours renouvelables.
La gynécologue Laura Berlingo tient un compte Instagram et partage au jour le jour des informations en fonction de l’avancée des connaissances. Avec ses collègues, elle a également publié sur sa chaine YouTube des courtes vidéos à ce sujet, sous le nom “COVID et grossesse n°X”.
Une remarque : lors de la grossesse, des symptômes d’essoufflement peuvent être constatés. Cela résulte de l’augmentation de l’activité du muscle cardiaque et/ou de la compression des organes. Ces symptômes ne sont pas ceux de détresse respiratoire. Pour nous aider à comprendre ce qui nous arrive, ce document sur la détresse respiratoire est très bien fait.
Accouchement, post-partum et COVID
Il semble qu’il n’existe pas de transmission materno-fœtale du COVID-19, et inversement du nourrisson à la mère après l’accouchement. Le coronavirus n’a pas non plus été retrouvé dans les échantillons de lait maternel, même si l’échantillon testé est très faible. C’était également le cas lors des précédentes épidémies à coronavirus. Le recueil du lait doit être fait avec les plus grandes précautions d’hygiène le cas échéant.
Certaines maternités, en violation des recommandations de l’OMS, interdisent la présence d’un accompagnant lors de l’accouchement. De nombreux services ont suspendu les visites en suites de couche, y compris les visites du co-parent. Les pratiques n’étant pas uniformisées, seule votre maternité pourra vous renseigner.
Vous trouverez ici les recommandations du CHU de Rouen, n’hésitez pas à les transmettre à votre équipe. Vous pouvez aussi transmettre la fiche informative des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg permettant la place d’un.e accompagnant.e et une sécurisation des soignant.e.s, du nouveau-né et de son parent.
Il est envisageable de sortir de la maternité de manière anticipée, en bénéficiant d’un suivi en ville. Si cette option vous intéresse, il est opportun de chercher des soignant.e.s aptes à assurer ce suivi, avant l’accouchement. En effet, beaucoup de sages-femmes libérales ont modifié ou suspendu leur activité à la suite de l’épidémie.
Si vous souhaitez échanger sur le sujet, un groupe Facebook “Confinées avec bébé” regroupe des parents concernés par la question. On y trouve des témoignages d’accouchement dans ces conditions.
Enfin, le CIANE a également écrit un article à ce sujet – n’hésitez pas à lire également les échanges dans les commentaires. Le collectif tente également d’élaborer des solutions d’écoute et de soutien qui devraient bientôt voir le jour, à suivre sur le site internet. Le Collectif Maternités reste disponible en cas de besoin, à l’adresse arretdesflux@gmail.com, y compris pour les questions relatives à la préparation à l’accouchement et à la rééducation du périnée, pour lesquelles les séances ont souvent été aussi annulées.
Solidarité
Pour soutenir les personnes les plus précaires et plus vulnérables : l’ADSF et le FAST ont besoin d’argent.
La prise en charge gynécologique et/ou obstétricale est souvent misogyne, raciste, classiste, transphobe. En temps de pandémie, il est malheureusement à craindre une accentuation de ces schémas. Quelles que soient les circonstances, et que vous soyez COVID+ ou non, vous avez le droit :
- à des informations claires et documentées,
- au soulagement de la douleur,
- au respect et à la dignité,
- à l’écoute et la prise en compte de vos choix et questionnements.