J’avais un vague souvenir de la sortie du livre de Camille Froidevaux-Metterie La Révolution du féminin en 2015, à travers les échos portés par la presse. De la confusion, j’étais passée à l’agacement car j’avais le sentiment que l’autrice faisait un mauvais procès au féminisme. Le Corps des femmes (et la lecture effective du livre, plutôt que de me contenter des apparitions médiatiques, il faut le dire) a le premier mérite de dissiper ce malentendu. Camille Froidevaux-Metterie n’est pas une ennemie politique, son analyse est riche, nuancée et tout à fait émancipatrice. Le corps des femmes est une compilation de courts textes déjà publiés par l’autrice et repris ici pour “tracer les contours des corps féminins contemporains”. IVG, PMA, règles, ménopause, l’ouvrage offre un panorama étendu des enjeux féministes autour du corps et de la procréation. Au cours de ma lecture, j’ai souvent trouvé des arguments solides et qui résonnent avec mes propres engagements. J’ai aussi compris où se situait notre divergence d’opinion. Camille Froidevaux-Metterie propose d’examiner l’expérience corporelle des femmes en postulant que c’est leurs corps qui les fait femmes, quant à moi, je suis plus sensible aux analyses qui font de l’expérience de la domination masculine la condition féminine. Au-delà du désaccord, il faut constater que nos préoccupations se rejoignent et la conclusion de l’ouvrage finit de me rassurer : “Je continuerai à me demander ce que signifie le fait de vivre dans un corps féminin au sein d’une société qui remet en cause les assignations genrées tout en produisant sans cesse de nouvelles normes. Non pas pour réduire les femmes à leurs corps mais tout à l’inverse pour souligner la possibilité d’une émancipation qui passe par l’appropriation de nos corps et montrer que ceux-ci nous appartiennent jusqu’au plus intime de nous-mêmes.”
Camille Froidevaux-Metterie, Le Corps des femmes, Philo Magazine, 14,90€