J’ai commencé ma lecture de Les Joies d’en bas avec enthousiasme, après avoir lu l’entretien des autrices dans une revue. Leur discours résolument féministe et généreux m’avait plu : deux étudiantes en médecine qui ouvrent un blog sur la santé sexuelle et concluent au besoin de partage de connaissances, difficile pour moi de ne pas adhérer ! La lecture de Les Joies d’en bas est facile, l’écriture est plutôt fluide et le ton ni doctoral, ni lénifiant. Les propos sont souvent documentés et il y a une riche bibliographie à la fin de l’ouvrage. La promesse du livre est de dissiper les mythes et fausses vérités entourant le sexe et pour certains thèmes elles y arrivent bien : j’ai par exemple apprécié la partie sur l’hymen, le plaidoyer pour la contraception hormonale, le fait qu’elles expliquent précisément ce qu’est l’indice de Pearl. J’ai pourtant des réserves sur l’ouvrage. En réalité, dès qu’il s’agit de médecine à proprement parler, je trouve que les autrices reproduisent des poncifs et ont du mal à s’extraire de leur position surplombante de – futures – médecins, sur l’avortement et la pilule du lendemain par exemple. Je suis aussi en désaccord avec leur lecture de certaines études, sur le désir « féminin » notamment. Enfin, toute la partie sur l’intersexuation et les personnes trans m’a parue particulièrement maladroite. La lecture m’a souvent déstabilisée par ce que j’appellerais « l’effet sandwich » : un cliché suivi d’une vérité scientifique ponctués d’une approximation et enrobés par une analyse féministe. Un dernier reproche encore, dont je ne sais si je dois l’adresser aux autrices ou à la traductrice : le vocabulaire parfois enfantin utilisé pour désigner les organes génitaux – « minette », « bas-ventre »… En conclusion, Les Joies d’en bas est un livre très complet qui délivre des informations à jour sur le sexe « féminin ». Il laissera tout de même un arrière-goût un peu amer aux plus informées et exigeantes d’entre nous.
Nina Brochmann, Ellen Stokken Dahl, Les joies d’en bas, Actes Sud, 22,50€