Peut-on parler de chatte sans parler de clitoris et de plaisir ? Quand je me suis lancée dans le journal de ma chatte, je me suis efforcée de dé-sexualiser le plus possible mon propos et mes images. Je l’ai fait plus ou moins consciemment, par pudeur, parce que ce n’était pas mon sujet et par peur du slut-shaming, aussi. Je suis convaincue qu’il est important de parler de vulve et de vagin dans un contexte qui ne soit ni médical, ni pornographique (ni même sexuel). Il est nécessaire de rappeler que nos sexes n’existent pas seulement pour être pénétrés ou examinés. Je voulais parler de nos chattes comme un territoire de nos corps, un territoire à explorer, à soigner, à aimer, par nous et pour nous.
Mais aujourd’hui, après de nombreux ateliers et plusieurs newsletters, je réalise que ça serait non seulement idiot, mais aussi criminel d’ignorer le clitoris et de ne pas aborder la question du plaisir. Je voudrais que le mythe du plaisir féminin qui serait mystérieux, complexe ou psychologique, en opposition avec l’orgasme masculin mécanique et systématique, soit définitivement enterré. Je trouve ça incroyable d’avoir su comment masturber un pénis avant d’avoir pu situer précisément mon propre clitoris. Je veux voir des images de vulves avec des flèches pour indiquer le clitoris, je réclame des descriptions précises de comment stimuler son clitoris, j’exige de voir plus d’orgasmes de femmes à la télé (et pas des pénétrations au bout de 10 secondes avec des protagonistes encore tout habillés). Alors voilà, un numéro spécial MASTURBATION, pas pour cimenter votre couple, pas pour être moins frustrée dans la vie, juste parce que la masturbation, c’est cool.
J’espère que vous kifferez autant que moi lire les témoignages que des meufs ont bien voulu partager avec nous sur leur rapport à la masturbation et leurs techniques. À bientôt, moi je file sous la douche, j’ai des réglages à tester.
J’ai commencé autour de mes 8 ans en trouvant une peluche de souris qui vibrait dans mon Happy Meal.
Point technique : c’est la « vibration » du jet d’eau qui permet la stimulation du clitoris. Mais le réglage de cette « vibration » est assez complexe (pour moi en tout cas) : suffisamment fort pour faire de l’effet, mais pas trop pour ne pas faire mal. L’idéal : un gros jet pas trop puissant (genre robinet de la baignoire, les pieds de chaque côté du robinet. Ou un gant sur la douche.)
On m’a toujours présenté ça comme une chose qu’on découvre vers l’adolescence, je trouvais ça anormal de l’avoir fait à 3 ans, 4 ans, peut-être même depuis ma naissance. En plus, les garçons parlaient de « se branler » tout le temps et les filles jamais.
Un souvenir en particulier : j’ai 15 ans je viens de découvrir comment ça marche, l’orgasme. Je fais un boulot d’été (compta), je suis seule dans un bureau et ma foi, je ne regrette rien mais j’espère juste qu’il n’y avait pas de caméra 😉
Même si ma mère nous avait enseigné les bases de l’éducation sexuelle, en nous répétant qu’il n’y avait pas à avoir honte, l’acte solitaire de la masturbation me semblait honteux et répréhensible. Lorsqu’il y avait de mauvaises nouvelles aux infos le lendemain, une partie de moi pensait que c’était de ma faute, comme s’il s’agissait d’une « punition divine » pour m’être masturbée. J’ai récemment appris que je n’étais pas la seule à culpabiliser de cette façon.
Je me demande si on est nombreuses dans ce cas-là : jouir sans difficulté par la masturbation, mais jamais avec son partenaire (et assez laborieusement en cas de masturbation en sa présence !).
Je n’utilise jamais mes doigts, je n’éprouve aucune envie de me toucher. Je « malaxe » mon bassin d’avant en arrière ou en 8 sur un oreiller ou directement un lit, ou un canapé.
J’ai découvert en cours d’histoire-géo en 6e que les coins de chaise pouvaient être super sympa, puis plus tard qu’avec les mains, c’était bien aussi. Personne n’en parlait, ou alors seulement de masturbation masculine, j’ai longtemps cru que ça faisait de moi une perverse, une obsédée.
Je me masturbe pour différentes raisons : parce que j’ai envie de sexe, parce que je veux me détendre, parce que je m’ennuie ou parce que je trouve ça cool de passer du temps juste avec moi.
Il m’est également arrivé de me masturber pour déclencher des doses d’endorphine (après une double opération très douloureuse). Ça me soulageait et me permettait de mieux dormir.
Illustration © Pavina