Pussypedia

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Cela fait trois ans que Zoe Mendelson et Maria Conejo œuvrent à la publication d’une l’encyclopédie bilingue (anglais-espagnol) de la chatte. Tout part d’un débat et d’une interrogation :“est-ce que toutes les femmes peuvent éjaculer ?. Quand, en 2016, Zoe tape cette requête dans un moteur de recherche, elle commence à réaliser l’étendue de l’ignorance et de la désinformation à propos des pussies. Trois ans après, Pussypedia est enfin là ! C’est un projet ambitieux qui vise à rassembler et à produire un corpus de connaissances sur nos corps et qui voit le jour grâce à la collaboration de près de 200 personnes. Sur la plateforme, vous pourrez naviguer par thèmes (contraception et avortement, handicaps, règles, IST,…) ou par tags (préservatifs, consentement, col de l’utérus, digue dentaire…). On y trouve également un modèle 3D interactif.

Enfin, on se sent évidemment très alignées avec leur argumentaire Why we use pussy* , où elles expliquent pourquoi elles utilisent le terme « pussy », qui est l’équivalent du mot « chatte ».
Nous publions ci-dessous la traduction par Julie Verdalle de ce texte, avec l’aimable autorisation des autrices.

Pourquoi nous utilisons le mot « chatte »*

*Nous proposons un nouvel usage du mot incluant tous les genres et organes génitaux, et signifiant « une combinaison à la fois du vagin, de la vulve, du clitoris, de l’utérus, de la vessie, du rectum, de l’anus, et même pourquoi pas des testicules. »

On a décidé de se réapproprier le mot « chatte ». Parce qu’on l’aime bien. Le terme « vagin » vient du mot latin signifiant « fourreau ». Or, on aime pas trop l’idée que les vagins existent uniquement pour accueillir des pénis. De plus, « vagin » désigne uniquement le conduit. Lorsqu’on se réfère à celui-ci, c’est d’ailleurs ce mot qu’on utilise. Mais appeler tout l’ensemble « vagin », c’est ignorer plein d’autres trucs importants, y compris tout ce qu’on voit à l’extérieur. Comme le clitoris, qui est constitué du même tissu que le pénis, qui fait à peu près la même taille et qui est à l’origine de nos orgasmes. (On aurait préféré ne pas avoir à comparer le clitoris à un pénis pour montrer à quel point il est important !) Si on utilisait le mot « vulve », on ignorerait le vagin et tout ce qu’il y a à l’intérieur. On a donc décidé de dire « chatte » pour parler de l’ensemble.

Nous, les fondatrices de Pussypedia, sommes des femmes cisgenres. Ce site a vu le jour suite à nos propres questionnements concernant nos organes génitaux, et un manque crucial d’informations précises et accessibles sur ces derniers. Si nous nous concentrons sur les parties génitales, c’est uniquement pour combler ce manque de ressources. Pas pour sous-entendre que cette partie du corps définit notre sexe ou notre genre. Pour résumer, nos chattes ne font pas de nous des femmes. Plein de gens avec une chatte ne sont pas des femmes, et plein de femmes n’ont pas de chatte. Si les femmes cisgenres ont accès à peu d’informations, c’est encore pire pour les personnes transgenres, non-binaires et intersexes. Ce que nous avons créé n’est qu’un début, et n’englobe en aucun cas tous les points de vue et les expériences qui existent. Tout comme notre modèle 3D actuel ne reflète pas la diversité anatomique de tous les organes génitaux. Mais on espère que ce sera le cas un jour ! Les gens peuvent être constitués de tout un tas de combinaisons. Et on en considère beaucoup comme étant des « chattes ».

Ne rêverait-on pas d’un équivalent français ?